ENERGO : TRANSFORMER LE BIOGAZ EN RESSOURCES D’AVENIR

Energo marque une nouvelle étape dans l’élaboration de solutions de valorisation énergétique d’avenir. Grâce à un procédé et un équipement unique, la startup transforme du biogaz en molécules d’intérêt pour de nombreuses applications. Rencontre avec Vincent Piepiora, président fondateur de l’entreprise Energo.

Publié le 26/06/2024

La ChemTech : Quelle est l’activité de votre entreprise ?

Vincent Piepiora : Nous avons plusieurs rôles. Notre premier métier est la Recherche & Développement d’une technologie de valorisation de molécules de gaz issue du monde académique. Nous produisons également nos propres équipements et procédés, et installons ces solutions chez des clients ayant des besoins en matière de décarbonation. Ces clients peuvent être des utilisateurs de molécules, de ressources énergétiques alternatives comme l’hydrogène et des producteurs de biogaz tels que des exploitants agricoles ou des stations d’épuration. Ces derniers se situent souvent dans des régions éloignées des infrastructures et réseaux gaziers, et nécessitent des solutions facilement transportables.

En plus des exploitants agricoles et des industriels des déchets, notre offre est intéressante pour des entreprises agroalimentaires qui traitent de grands volumes de matières végétales qui peuvent être valorisés. D’autres acteurs comme des entreprises de la chimie se montrent intéressées par une production décentralisée d’hydrogène ou de certains alcools de type méthanol que nous produisons. Enfin, les compagnies aériennes sont un autre interlocuteur d’avenir, car elles sont toujours demandeuses de carburants d’aviation plus écologiques que nous sommes également en mesure de proposer. La motivation commune à ces projets est la décarbonation des transports ainsi que la possibilité de trouver des rémunérations complémentaires.

En quoi consiste la technologie qui permet ce type de valorisation ?

V. P. : Il s’agit d’un matériau réactif que nous avons développé et qui, à l’aide d’un appareil, permet d’obtenir une réaction chimique nécessitant habituellement des conditions opératoires complexes. Cette technologie peut être adaptée sur des gisements de biogaz en se connectant directement à la source pour produire ces molécules d’intérêt en sortie. Aucune installation d’envergure n’est nécessaire sur le site de production.

Comment décririez-vous le potentiel de cette innovation ?

V. P. : C’est un changement majeur quant à l’efficacité des productions de ce type. Le marché du biogaz en France est né il y a une vingtaine d’années. Dans un premier temps, le principe consistait à alimenter un moteur avec du gaz pour produire de l’électricité. Ce modèle s’est vite avéré peu rentable. Dans un second temps l’une des améliorations consistait à produire du biogaz pour l’injecter directement dans le réseau gazier. Un schéma plus intéressant mais qui restait toutefois largement subventionné comme le principe précédent. Nous proposons une alternative bien plus rentable de valorisation du biogaz, et peu rentable. Dans un second temps l’une des améliorations consistait à produire du biogaz pour l’injecter directement dans le réseau gazier. Un schéma plus intéressant mais qui restait toutefois largement subventionné comme le principe précédent. Nous proposons une alternative bien plus rentable de valorisation du biogaz, et peu énergivore, ce qui lui confère un fort potentiel. Créer des molécules d’intérêt par ce biais ne nécessite de fait plus aucune subvention.

Comment a évolué Energo depuis sa création en 2018 ?

V. P. : Nous avons procédé à des levées de fonds importantes auprès de business angels entre les années 2020 à 2022 qui étaient de l’ordre de 700 000 euros. À cela se sont ajoutées des aides de Bpifrance, soit sous forme de subventions via des concours que nous avons remportés, à l’image d’I-Lab, soit par de l’avance remboursable. Le mois d’avril 2024 marque une étape charnière, puisque nous venons de conclure une nouvelle levée de fond de 16,5 millions d’euros, qui nous permet d’accélérer sensiblement nos développements. Notre effectif passera à une trentaine de personnes d’ici la fin de l’année.

Quelles sont pour vous les prochaines étapes importantes ?

V. P. : Au cours de l’été 2024, notre démonstrateur, qui est une usine à l’échelle 1/10, va rentrer dans sa phase de fonctionnement. Dès 2025 débutera la phase commerciale avec la production d’hydrogène sein de cette usine. Par la suite, un site de production 10 fois plus grand verra le jour pour répondre à la demande. Nous nous adressons au marché national et européen pour le moment. Au-delà de nos frontières, la Pologne, l’Ukraine, l’Allemagne et l’Italie représentent de forts potentiels de développement. Nous envisageons dans un second temps une présence sur le marché américain et asiatique où les perspectives sont également prometteuses. À partir du moment où il existe une exploitation agricole avec la possibilité de produire du biogaz, un projet de ce type peut s’implanter.
Le modèle commercial que nous envisageons est un co-investissement avec le client, incluant une licence d’exploitation. Nous fournissons bien sûr une assistance et la maintenance nécessaire.